La semaine étudiante espagnole

La semaine est un moyen de périodisation, comme dirait mon prof d'histoire moderne, dans le sens où elle sert de repères aux hommes. La catégorie "étudiant espagnol" a elle aussi ses repères, dans la semaine, qui peuvent surprendre.

Tout commence le lundi. Normal. Certains étudiants manquent à l'appel. Normal, c'est le premier jour de la semaine, et pour certains, ça appartient encore au week-end.

Le mardi, rien de notable, c'est presque la seule journée normale.

Le mercredi, c'est le jour de fête pour les Erasmus, en général. Je dis en général, parce que pour certains, c'est jour de fête toute la semaine, toute l'année. Et pour d'autres, comme moi, c'est le jour où les étudiants étrangers prouvent aux autochtones à quel point ils aiment l'alcool et l'Espagne, et où il ne faut donc pas sortir sous peine d'être reconnu le jour suivant comme faisant parti des ivrognes internationaux. Mais le mercredi, les boîtes et autres discothèques ont l'habitude de faire des offres aux étudiants pour les souler à moitié prix. Des fois, pour attirer la clientèle, ils inventent un thème, surtout la semaine d'Halloween, ou ce genre de chose, comme des "aidez nous à choisir la miss Erasmus 2008-2009 !". Mais celles et ceux qui vont (trop) souvent à ces soirées passent pour des curiosités, aux yeux des Espagnols.

Le jeudi, c'est l'inverse : les Espagnols sont de sortie, plus que les Erasmus. Pourquoi le jeudi ? Ça peut surprendre au début, mais c'est en fait simple à comprendre quand on connais les habitudes espagnoles. A peut-être 90%, les étudiants de Cáceres vivent dans un appartement, mais sans être de la ville. Les parents vivent dans les "pueblos", qui peuvent être très loins de Cáceres (par exemple, je connais des gens qui vivent à Mérida, à Badajoz (prononcez " Bada'o "), voir quasiment au Portugal). Et tous les week-ends, ou un sur deux, ils retournent dans leur "pueblo". Comme ça peut faire pas mal de route, au lieu de partir le vendredi après les cours, ils partent le jeudi soir, après la fête (donc en gros, vendredi matin). On peut penser "Oh mais alors ils sèchent un jour de la semaine".

Pas exactement. La fac s'adapte, et le vendredi, il n'y a presque pas cours. Personnellement, j'ai 3h de cours le vendredi matin, mais ma salle est la seule à être ouverte, et la fac est déserte. La classe est à peu prêt rempli à 30%. Les rares courageux qui assistent à ces 3h de cours ont des cernes impressionantes, et les profs ont l'air de penser que c'est une honte de leur avoir donner des cours le vendredi. En gros, de mon point de vue, le vendredi espagnol, c'est un peu un samedi français.

Le samedi, les magasins n'ouvrent que le matin, alors il y a pas mal de monde dans les rues, pour faire des provisions pour le week-end. L'après-midi, c'est comme une ville fantôme. Le soir, c'est peuplé (de ceux qui ne sont pas rentré à leur "pueblo").

Et le dimanche, il y a quelques voitures qui passent, de temps en temps des jeunes qu'on entend parler fort dans la rue, mais sans les voir ; les magasins sont fermés, sauf les épiceries (tenues par des Chinois ou des Argentins) et les bars (qui n'ont rien à voir avec ceux de France, un bar espagnol c'est un málange entre une cafétéria et un salon de thé : l'après-midi, il y a pas mal de petites vieilles qui prennent un café en discutant fort de tout et de rien).

La Madrila, une place pleine de discothèques, qui ne s'anime qu'aux alentours de 3h du matin le jeudi soir.