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Bons baisers de Cáceres !

Expressions de tous les jours

12 Novembre 2008 , Rédigé par Naxos Publié dans #Curiosités espagnoles

J'ai rajouté des compléments, ils sont en rose

Et d'autres encore, en vert.

 

Les Espagnols, en tout cas ici, sont plein de "tics de langage", avec des expressions qui ne veulent pas forcément dire grand chose mais qu'on entend tout le temps. Reste à savoir par laquelle commencer.

Le "classique", quand on parle d'Espagne, c'est le mythique Hombre. C'est tout simplement excellent d'entendre un(e) Espagnol(e) s'exclamer ¡Hombre!  et les "locaux" savent que les étrangers en rafolent. On l'utilise à peu près quand on veut. En général il marque la surprise, ou alors une exclamation. Je ne pense pas qu'il existe un équivalent en français.
Quelques emplois :
- vous marchez dans la rue, quand soudain vous croisez votre ami d'enfance que vous n'avez pas vu depuis longtemps : ¡Hombre! qu'est-ce que tu fais là ?
- vous êtes prof à l'université, et un élève vous pose une question délicate sur les liens entre franquisme et nazisme : ¡Hombre! C'est un sujet difficile !
- votre ami est du Real alors que vous et moi suportons le Barça, et il vous apprend que le président du club de foot de Barcelone est corrompu : ¡Hombre! Parce que celui du Madrid est mieux peut-être ? (s'ensuit une dispute assez forte pendant laquelle vous allez crier à plein poumon pour finalement vous réconcilier avec une tape dans le dos et un verre de bière)

- et encore plein d'autres exemples qui ne me viennent pas à l'esprit.

Un dérivé du ¡Hombre!, mais propre à le région extremeña, c'est le ¡'Acho! et sa variante ¡'Acho tío! A l'origine, c'est le ¡Muchacho! (littéralement "garçon") qui s'est transformé, avec l'accent particulier de l'Extremadura qui a tendance a mangé les syllabes, en ¡'Acho!  Il n'y a pas un jour sans que je ne l'entende, dans la rue, dans un bar, à la fac, à la télé sur Canal Extremadura, etc. Il existe aussi la variante 'Chacho. Dans les pueblos de la province de Badajoz, l'accent encore plus fort de certains tend aussi à transformer ce "Muchacho" en "Chaaaachooww".
Son emploi est le même, à peu près, que le ¡Hombre!, mais il est plus fréquent encore, et peut remplacer nos "hé !", "vas-y !", "c'est pas vrai !", arrête !", "eh bien !", etc.
A noter que un de ses équivalents dans le sud de l'Espagne (Andalousie) est le poétique Mi alma (littéralement "mon âme"). Tout aussi fréquent, à Séville on entend partout le fameux "¡illo!", qui est une contraction de "Chiquillo", lui-même dérivant de "Chico" = "garçon".
Pour leur part, à la base, le masculin Tío et le féminin Tía sont les mots qui désignent respectivement l'oncle et la tante. Par extension, ils correspondent à nos "mecs/gars" et "fille".

- Hey meuf, comment tu vas ? (imaginons que c'est une fille qui parle ; en français cela rend vulgaire, en espagnol non) : ¿Tía qué tal estás?

- Il sort d'où ce mec ? : ¿De dónde sale ese tío?

 

¡O'tía! par contre, se dit au début d'une phrase qui exprime la surprise :
- vous regardez un match de foot, et le joueur que vous adulez vient de faire une mauvaise chute : ¡O'tía! S'il peut plus jouer c'est foutu, on va perdre le match...
- votre meilleur ami vous raconte une blague pas drôle : ¡O'tía! tu l'as trouvée où celle-là ?

 

Rectification après vérification : le ¡o'tía! est en réalité ¡Hostía!, qui peut désigner trois choses :

- le corps du Christ (l'hostie)

- un coup sec, une claque : te voy a pegar una hostia (= "je vais t'en coller une")

- et enfin une marque de surprise. Dans ce dernier cas, les Espagnols, selon leur niveau de vulgarité, peuvent s'exclamer ¡Hostía! ou ¡Jodía! qui sont très proches phonétiquement, mais très éloignés lexicalement : le deuxième vient de joder, sur lequel je reviendrai. Les plus pudiques peuvent aussi s'exclamer "¡Ostras!", littéralement..."Huîtres" ! (un peu comme notre "Mercredi" pour dire "Merde" ou "Purée" pour "Putain")



Entre amis, si un copain fait quelque chose de surprenant, on peut utiliser, toujours comme équivalent à Hombre, 'Acho, Tío, le non moins célèbre Macho, mais seulement pour un garçon. Littéralement, Macho signifie "mâle", par opposition à la femelle, Hembra.
- un soir où vous êtes en boîte, un de vos amis complètement bourré tombe sur le sol au milieu de tout le monde : ¡macho! t'avais qu'à pas boire autant !
- le même soir, le même ami bouscule une jeune fille, qui n'avait rien demander d'autre que danser jusqu'au petit matin, sans s'excuser : ¡Macho! excuse-toi tout de suite...et profites-en pour lui demander son numéro de téléphone !

Comme autres variantes de hombre, tío, etc. , il y a aussi chaval ("gamin") très utilisé entre amis.
Les Espagnols auraient tendance à considérer que ce qui est "masculin" est bon, alors que ce qui est féminin est mauvais. C'est le constat auquel je suis arrivé après plusieurs années sur le terrain en me basant sur deux expressions très vulgaires renvoyant aux appareils génitaux (oui, je sais, on s'amuse comme on peut). Néanmoins, ces deux expressions doivent être entendues comme des exclamations et non comme des insultes.
- Le membre viril est appelé vulgairement "Polla" (au passage, faites donc attention si vous voulez parler de "poule" : le féminin de "poulet" (pollo) n'est pas "polla" mais "gallina" !). Or, quand vous trouvez que quelque chose est génial, vous dites que "c'est la polla" : par exemple esta canción de Daddy Yankee es la polla
- Le sexe féminin, le fameux "Coño", renvoie par contre à tout ce qui est plutôt négatif, voire clairement énervant : ils repassent la chanson de Shakira à la radio, ¡coño!

La plus célèbre onomatopée du pays des castagnettes, mais pas la plus utilisée, est peut-être le ¡Olé! Je n'en suis pas certain, mais je crois que son origine vient du flamenco. Je reviendrai plus tard sur cette musique typique du sud de l'Espagne, mais en gros, quand un guitariste ou un chanteur réalise un enchaînement particulièrement difficile, ou qui sonne particulièrement bien, le public s'exclame ¡Olé! Par extension, on le retrouve dans la tauromachie. Quand un matador réalise une figure particulièrement risquée, les aficionados de l'arène peuvent taper dans les mains, mais pas n'importe comment. Le public n'applaudit pas, il bat en mesure un rythme particulier de flamenco, souvent une bulería. Et quand le matador esquive ou frappe la bête, l'arène résone d'un formidable ¡Olé! De là mes suppositions entre le ¡Olé! du flamenco et celui de la joie débordante, à la limite de la transe.

Parfois le Olé sert pour dire "Bravo" quand il est multiplié par 3 : votre frangin a brillament été reçu au permis de conduire, au lieu de dire "Bravo", vous vous extasiez par cette formule : "¡Olé, olé y olé para mi hermano!"
Et il s'ensuit, dans les autres pays, tout un tas de dérivés, qui font bien rire les Espagnols.

soupalognon-y-crouton.jpgExtrait de Astérix en Hispanie


L'espagnol est une langue très expressive, comme nous l'a expliqué la prof chargée des cours pour étudiants Erasmus. Quand deux Espagnols se parlent, celui qui écoute participe autant que celui qui raconte. Et c'est aussi un trait qui caractérise les étrangers : eux ne sont pas habitués à cette coutume, et par conséquent semblent inertes à côté de leur locuteur espagnol.
Je m'explique, avec un exemple ce sera plus simple : imaginons que deux personnes parlent par téléphone. Si celui qui écoute ne prononce pas toutes les 5 secondes des "ah bon ?", "c'est pas vrai !", "pas possible !", c'est incroyable !", "non, me dit pas que t'as fait ça !", etc. celui qui parle peut penser que l'autre n'en a rien à faire de ce qu'il dit, ou penser qu'il vient de faire un malaise et que donc il ne répond pas. Notez que pour une meilleure adaptation, n'oubliez pas de parler avec de grands gestes avec vos mains (même au téléphone...), sinon on pourrait croire que vous êtes coincé !
Ces expressions proprement espagnoles, qui ne servent qu'à être dites un peu comme on veut, sont nombreuses : ¡no me digas!, ¡no es posible!, ¡es increíble!, ¡no puede ser!, et, plus vulgairement, ¡no me jodas! et le simple mais efficace ¡joder!

 

Pour vous expliquer le sens de ce mot, je vais le faire comme on me l'a expliqué : joder en espagnol c'est le fuck anglais. C'est aussi l'équivalent direct de notre "Putain !" national. Dans le Sud de l'Espagne, et donc en Extremadura, le "Joder" devient "Joe" [prononcez roé], qui ne doit pas vous surprendre si vous le voyez écrit : il n'a rien à voir avec votre pote américain Joe [prononcez djo]. De nouveau, de pieuses et sages personnes n'efforcent de ne pas employer le "¡Joder!" en prononçant des mots qui lui ressemblent phonétiquement : "Jope", qui ne veut rien dire, voire - et ça m'a plus choqué que le "Joder" - "Jopeta" !)


D'une manière plus politiquement correcte, on peut employer des termes empruntés au vocabulaire de la religion : principalement ¡Dios! et toutes ses variantes (¡Dios santo!, ¡Dios mío!, ¡Dios santo de mi vida!, etc.), et ¡Virgen! et toutes ses variantes (¡Madre mía!, ¡Santa madre de Dios!, ¡La Virgen!, etc.).

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Merci pour tes explications . Je suis impressionnée par ton boulot ! Bravo
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A
Merci pour tes explications . Je suis impressionnée par ton boulot ! Bravo
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Merci pour tes explications . Je suis impressionnée par ton boulot ! Bravo
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A
Merci pour tes explications . Je suis impressionnée par ton boulot ! Bravo
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